Le phare de la Caravelle

Le phare situé à la Pointe de la Caravelle sur la commune de La Trinité éclaire la côte Est de La Martinique.

Construit au sommet d’un pic basaltique, son plan focal se situe à 159,25 m. La hauteur totale est de 162,55 m depuis le niveau de la mer (plus grande hauteur pour un phare en France).

Historique :
1812 Premier projet
Un courrier du Ministre de la Marine au Directeur général des dépôts de la Marine acte le projet d’établissement d’un phare (19 novembre 1812).

1847 Deuxième projet
Des pourparlers sont engagés dès 1847 entre l’Amiral Gouverneur de La Martinique et le Service des Phares et Balises, créé par Napoléon 1er en 1806, et sis à Paris, au Trocadéro (Actuellement musée de la Marine), pour la réalisation d’un grand phare d’atterrissage.

1852 Décision de construction
La Commission des phares décide, dans sa séance du 19 décembre 1852, de la construction d’un phare de 3éme ordre à la Pointe de la Caravelle.

1854 Résiliation du marché
Le 14 février 1854, le marché de construction du phare est résilié.

1860 - 1861 Construction
La construction du phare est entreprise entre 1860 et 1861, sous Napoléon III. L’établissement Henry-Lepaute horloger de marine à Paris, rue St Honoré, fournit au ministère de la Marine et des Colonies un appareil catadioptrique à feu fixe pour un montant de 19 440,67 francs.

1883 Projet d’une nouvelle lanterne
En 1883, suite à un signalement du Gouverneur de La Martinique, il est recommandé par M. Émile ALLARD, Inspecteur général des Phares et Balises, d’acheter une lanterne neuve qui coûterait 25 000 fr auquel il faudrait ajouter 600 fr de frais d’emballage et transport. La tour du phare devra être modifiée pour accueillir ce feu qui exige des conditions techniques particulières.

1905 Éruption de la Montagne Pelée
Dans le procès-verbal de sa séance du 17 juin 1905, qui évoque les conséquences pour la navigation des destructions suite à l’éruption de la Montagne Pelée (destruction du phare sémaphore de St Pierre), la Commission des phares indique que les phares de La Caravelle et de la Pointe des Nègres constituent les deux seuls feux d’importance de La Martinique. La commission précise qu’ils manquent de puissance. Une amélioration de leur capacité d’éclairage et la construction d’un nouveau phare à l’Îlet Cabrit, qui sera réalisée en 1927, sont donc décidées.
Les Phares de l’Îlet Cabrit et de la Pointe des Nègres, construit en 1927, sont identiques en tous points.

1926 Renforcement des caractéristiques
Envisagé en 1883 le renforcement est réalisé en 1926.
Une optique Barbier, Benard et Turenne (BBT), à Paris, de 3ème ordre à éclats tournants n°48940B est installée avec un rythme de 3 éclats blancs en 15 secondes pour le différencier du phare de la Pointe Vigie à Sainte Lucie.

Le feu est composée de deux lentilles à échelons de Fresnel et tourne sur une cuve à mercure.
La lanterne est également fabriquée par BBT. L’entraînement de l’optique se fait par un système d’engrenage grâce à un moteur électrique.

1950 Anneaux, logements des gardiens et radiophare
M. Gervais de ROUVILLE, directeur du Service des Phares et Balises à Paris, préconise quelques entretiens des anneaux des lentilles et recommande de reculer de quelques années la construction de logements supplémentaires.

La décision de la Commission des phares en date du 10 novembre 1950 d’établir un radiophare sur la pointe de la Caravelle ne sera jamais suivie d’effets.

1970 Automatisation
L’automatisation est réalisée grâce à un appareillage au gaz butane nécessitant le remplacement de l’optique.
Dès lors, le phare est transformé en feu non gardé par décision ministérielle du 5 mai 1970.

1985 et 1986 Électrification par éolienne
Envisagée en 1973 l’électrification est réalisée en 1985 et 1986 avec un aérogénérateur de 300W, un nouvel appareillage avec lampe au xénon et un changement de l’optique.

1987 Le dernier gardien
Le premier gardien était M. LHOSTIS nommé le 17 avril 1862 ; le dernier, M. Roger CESAIRE affecté au phare de la Pointe des Nègres en mai 1987.
Le phare fut gardienné pendant 105 ans.

Trois gardiens se relayaient, avec un rythme de travail de 6 jours suivis de 3 jours de repos. Leur trajet s’effectuait à pied depuis Tartane, avec l’aide d’un âne, inscrit à l’inventaire des Phares et Balises, et dont l’écurie est toujours visible.
A proximité du phare, une citerne recueillait l’eau de pluie et deux maisonnettes de bois servaient de logement aux gardiens. Leur travail consistait à entretenir le phare le matin et veiller le feu la nuit. Ils remontaient également le poids de rotation de l’optique 2 fois par nuit, de la même façon que pour une horloge, et assuraient le remplissage de la cuve.

Un petit oratoire réalisé par les gardiens est toujours visible à proximité.

1995 et 1996 Solarisation
Solarisation grâce à des panneaux photovoltaïques et modernisation avec un nouvel appareillage puis remise en place de l’optique de 1970 présentant de bien meilleures performances de visibilité.

2008 Modernisation des systèmes
Installation d’un automate dernière génération avec des fonctions de gestion et de télécontrôle à distance entre le phare et le Service des Phares et Balises-POLMAR situé au port de Fort de France.

2013 Rénovation et inscription aux MH
Suite à la décision de la Commission régionale du patrimoine et des sites réunie en séance le 1er octobre à la préfecture, le phare devient le 100ème monument inscrit à l’inventaire des Monuments Historiques en Martinique. Sa girouette, dont les flèches étaient manquantes est restaurée.

Caractéristiques
Amer : Côte Nord-Est de La Martinique, à l’extrémité Est de la presqu’île de La Caravelle
Position : En coordonnées géographiques WGS 84
14° 46’ 45 Nord et 60° 52’ 54" 84 Est
Aspect : Tour carrée ocre rouge, surmontée d’une tourelle cylindrique en maçonnerie lisse de 14,30 m

Feu principal : Feu blanc à 3 éclats de 15 secondes
Lampe : 70 W HQI-T
Distance Focale : 0,25 m
Portée : 22,5 Milles Nautiques soit 42 km

Feu de secours : Feu blanc à 3 éclats de 15 secondes
Lampe : 90W 24 V HLD
Distance focale : 0,095m

Le phare abrite différentes antennes hertziennes, stations et sonde sismique au profit :
• des pompiers (SDIS)
• du SAMU
• du Parc Régional Naturel de La Martinique
• et de l’Observatoire Volcanologie et Sismologique de La Martinique de l’Institut de Physique du Globe de Paris (IPGP).

Repères

  • La Commission des Phares est créée par Napoléon 1er en 1811 sur proposition du comte MOLE Directeur Général des Ponts et Chaussées. Celle ci, toujours active, se réunie 2 fois par an à Paris.
  • Augustin FRESNEL, physicien, est nommé à la Commission des Phares en 1819 sur proposition de François ARAGO. Il s’est consacré à l’étude de la lumière par ses apports expérimentaux et théoriques et aussi posé les bases de l’optique ondulatoire moderne puis à l’amélioration des phares en mettant au point notamment les lentilles à échelons. Une partie importante de ses études sera consacrée aux lentilles à échelons qui, sous une forme ou une autre, équipent tous les phares du monde.

Reportage sur le phare

Partager la page